Vinexpo, premier salon mondial du vin, vraiment?
Pour l’inauguration de Vinexpo, la presse vineuse française, et même la presse généraliste, qui reprend une dépêche de l’AFP, y vont de leurs superlatifs: « Bordeaux, capitale de la planète vin ». On y retrouve quelques belles formules des organisateurs, qui parlent de « lieu de rencontre de l’excellence », se félicitent d’avoir conçu cette année un espace spécialement consacré aux vins bio (WOW), ou encore, du retour d’un stand officiel des vins du Beaujolais.
Loin de moi l’idée de vouloir gâcher la fête, ni de cracher dans la soupe bordelaise, mais les chiffres sont têtus: Vinexpo, cette année, va réunir 2.300 exposants, et attend 45.000 visiteurs; mais Prowein, en mars dernier, a attiré 6.200 exposants, pour 58.500 visiteurs.
Comment expliquer qu’un salon à vocation internationale basé dans la région de production la plus réputée au monde joue aujourd’hui les seconds rôles face à une foire organisée à Dusseldorf, en pays brassicole? Côté agrément, sorties dans le vignoble, visites de châteaux, escapades gastro, il n’y a pourtant pas photo. Par contre, pour ce qui est de l’ouverture du marché national aux vins étrangers (ce qui peut intéresser les exposants venus d’ailleurs, et leurs clients potentiels), la France est loin derrière.
D’ailleurs, en 2017, la part des exposants étrangers est de 84% à Prowein, contre 47% à Vinexpo.
L’excellence est un très beau concept. Et cela se décline sans doute aussi sur le plan de l’efficacité. Même si cela ne dépend pas des seuls organisateurs. Je souhaite au sympathique M. Déglise et à ses équipes un franc succès dans leur reconquête de la « planète » des salons de vins. Mais que l’AFP désigne Vinexpo comme « plus grand salon mondial des vins et spiritueux« , voila qui ne tient pas la route. Ou pas encore.
Hervé Lalau
Article paru le 18 juin 2017 sur le site des 5 du vin