L’histoire du vignoble vaudois au travers de ses Premiers Grands Crus (épisode 3: la Suisse moderne)
Trosième partie d’un dossier paru dans le hors-série Vaud 2017 qui revient sur l’histoire du vignoble vaudois au travers des Premiers Grands Crus vaudois.
1802 : la Suisse occupée
Roches Plates
Domaine du Burignon, Saint-Saphorin
De 1798 à 1803, l’ancienne Confédération est transformée en une république unitaire par les révolutionnaires français. Le Pays de Vaud cesse d’être un territoire administré par Berne et devient le canton du Léman. Durant cette période troublée, qui connaîtra quatre coups d’état, a lieu la vente des biens nationaux, des propriétés confisquées à l’Eglise ou à la noblesse. En 1802, la Ville de Lausanne rachète trois domaines viticoles importants : l’Abbaye de Mont, le Clos des Moines et le Domain du Burignon. La capitale vaudoise devient alors un acteur important du vignoble vaudois et le plus important propriétaire de Dézaley, ce qu’elle demeure toujours aujourd’hui. A Saint-Saphorin, les vignes en pente de l’est du Domaine du Burignon sont dominées par un grand rocher plat qui a donné son nom au Premier Grand Cru de la ville olympique.
www.vinsdelausanne.ch
1868 : à la découverte des premiers Vaudois
Clos du Châtelard
Hammel, Rolle
En 1868, dans une grotte du Châtelard, près de Villeneuve, est découvert un squelette humain sans tête, des tessons de poterie et des ossements d’animaux. Plusieurs fouilles successives permettront de découvrir des vestiges humains et matériels du Néolithique, de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer. Toutefois, les outils les plus anciens remonteraient à 13 000 ans avant Jésus-Christ et constituent les premières traces d’occupation humaine du Pays de Vaud. Le recul des glaciers qui a permis l’arrivée de ces premiers chasseurs, qui appartenaient à la période dite magdalénienne, a aussi façonné les sols de ce coteau abrupt. C’est sur huit hectares de terrasses creusées dans la moraine et les éboulis que naît le Clos du Châtelard, un Chasselas raffiné vinifié par la maison Hammel dans de grands foudres de chêne.
www.hammel.ch
1886 : un insecte bouleverse le vignoble
Merlot Clos du Châtelard
Hammel, Rolle
Le 8 juillet de cette année, une mauvaise nouvelle traverse le vignoble vaudois. Le phylloxéra s’est installé à Founex. Cet insecte, arrivé par bateau des Etats-Unis, va dévaster la quasi-totalité des vignes européennes. Les parcelles reconstituées seront composées de plants européennes greffés sur des porte-greffes américains résistants. Le travail de reconstitution offre l’opportunité de modifier l’encépagement traditionnel. Le Merlot, cépage d’origine bordelaise, est planté avec succès au Tessin. Plusieurs décennies plus tard, le cépage s’enracine sur les rives lémanique. Dirigée par Charles Rolaz, la maison Hammel l’introduit dans ses plus beaux domaines. Régulièrement primé, le Merlot Apicius – du nom d’un légendaire gastronome romain – est l’un des trois rouges vaudois à mériter le titre de Premier Grand Cru.
www.hammel.ch
1914 : premier survol du Mont-Blanc
Au Fosseau
Domaine La Capitaine, Begnins
Le 11 février 1914, un pilote suisse décolle de Genève pour atterrir trois heures plus tard à Aoste en Italie. Agénor Parmelin vient de réussir le premier survol de Mont-Blanc. Son exploit est salué sur toute la planète et l’aventurier né à Bursins est fêté en héros à Turin comme à Genève. Quelques mois plus tard éclate la Première Guerre Mondiale. Courtisé par l’Allemagne, il s’engage comme volontaire du côté allié où il va former des centaines de pilotes – en France comme en Italie – avant de périr en 1917 aux commandes d’un prototype d’hydravion. La figure de ce héros helvétique mort à trente ans et oublié des livres d’histoire est mise en exergue sur l’étiquette du Premier Grand Cru de son arrière-petit-neveu, Reynald Parmelin, pionnier de la viticulture biologique dans le canton de Vaud.
www.lacapitaine.ch
1954 : un futur Prix Nobel au domaine
Château de Mont
Château de Mont, Mont-sur-Rolle
Au vu de la riche histoire du château, les dates à mettre en exergue ne manquent pas. On aurait pu choisir 1457, la construction du château par le baron de Mont-le-Grand; 1553, qui marque le début de l’époque bernoise; 1911, l’année de l’acquisition par la famille Naef, qui demeure toujours propriétaire de ce domaine de treize hectares. Mais 1954 possède une aura plus internationale. Cette année-là, un écrivain polonais Czeslaw Milos séjourne au domaine. Après s’être opposé aux nazis – il recevra le titre de Juste parmi les nations – il fuit le régime communiste en 1953 et demande l’asile politique en France. Invité par la maîtresse des lieux, il passe l’été au Château de Mont. Il décrira le domaine dans «Une autre Europe», l’un des cinquante ouvrages de cet auteur engagé qui recevra le Prix Nobel de Littérature en 1980.
www.chateaudemont.ch
Alexandre Truffer
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