Les vins de la ville de Payerne font peau neuve
Payerne compte parmi ces communes qui produisent des vins sans que la moindre parcelle de Vitis ne pousse sur leur territoire. De fait, le vignoble de la commune se situe sur les terrasses escarpées de Lavaux. En 1584, la municipalité de Payerne a acquis le château de Montagny ainsi que le vignoble qui entoure cette bâtisse d’Aran-sur-Villette. Selon la légende, la cheminée centrale faisait à l’époque office de frontière pour le fisc vaudois. A la même époque, la commune acquiert le Château de la Tour Bertholod à Lutry.
Détentrice d’un magnifique patrimoine bâti et viticole –près de 13 hectares dans la zone déclarée patrimoine mondial de l’Unesco- la ville a pendant de nombreuses années laissé ce trésor sous le boisseau. Tradition et conservatisme étaient la justification de la banalité des produits. De plus, une partie des problèmes venait de la distance entre les vignes, à Lavaux, et la cave, à Payerne, qui engendrait de grosses difficultés lors des vendanges : transport inadéquat ou retardé qui provoquait des départs de fermentation intempestifs.
En 2007, un événement va provoquer une réaction en chaîne. L’un des cinq vignerons-tâcherons de la commune donne son congé et son habitation de fonction à Grandvaux reste vide. Après une année de vacance, la maison est vendue et l’argent investi dans l’amélioration de l’entreprise. Première étape, la création d’une nouvelle cuverie à Montagny, qui a reçu ses premières vendanges en 2010. Dotée de système de maîtrise des températures et d’appareils de micro-oxygénation, la cave est prête à accueillir des raisins sur lesquels plane aussi un parfum d’innovation. Dans le même temps, une nouvelle municipale Christelle Luisier-Brodard reprend le dicastère des vignes et s’engage avec vigueur pour des vins de qualités. Afin d’atteindre ses ambitions, la commune a fait appel à un œnologue-conseil Philippe Corthay.
Depuis quelques années, les vins qu’il supervise ont raflé de nombreuses distinctions –y compris les Lauriers de Platine Terravin 2009 et 2010- et l’homme est devenu une référence en terres vaudoises. Sa principale décision, optimiser les dates de vendange à l’aide de la méthode DIOSTEM. Pendant 4 à 5 semaines avant les vendanges, les vignerons ont ramassé 200 grains de raisins chaque semaine pour les analyser en laboratoire. Une fois que la maturité technologique (le moment où les feuilles cessent de transférer du sucre vers les grains) est atteinte, il convient de commencer la dégustation des baies pour déterminer une date de récolte optimale pour chaque parcelle. En vinification, un travail pointu de micro oxygénation puis d’élevage permet d’amener chaque cuvée à son maximum.
En parallèle, l’équipe de Mme Luisier-Brodard a mené une réflexion importante sur l’organisation et l’habillage des vins. Une marque parapluie «Les propriétés de la ville de Payerne» chapeaute trois gammes reconnaissables à un sceau stylisé en noir et blanc: le Château de la Tour Bertholod, le Château de Montagny et les Réserves. Au total, ces trois entités accueillent sept Chasselas (des sélections parcellaires ou des vinifications particulières : sur lies ou en barrique), un Pinot Gris, un Viognier, un Rosé de Gamay, un Merlot, un Pinot Noir, deux assemblages rouges et un vin doux. Etiquettes, contre-étiquettes, cartons et visuels divers ont aussi été relookés dans un style sobre et élégant.
www.lesproprietesdepayerne.ch
Article paru en 2011 sur le site RomanDuVin.ch