Les mille visages du Savagnin
Connu sous les dénominations Heida, un mot qui signifie «ancien» et qui a été traduit par Païen, le Savagnin Blanc fait partie des très anciens cépages européens. Dans son ouvrage de référence sur les cépages du monde, José Vouillamoz explique que: «au cours des siècles, le Savagnin a développé de nombreuses formes différentes au cours des siècles de reproduction végétative comme d’autres très vieilles variétés telles que le Pinot ou le Gouais Blanc.» Le docteur en biologie explique que plusieurs de ces avatars ont été longtemps considérés comme des cépages différents. Ainsi le Traminer d’Allemagne, le Gewürztraminer d’Alsace, le Heida du Haut-Valais, le Traminer Aromatico du Trentin ne sont qu’un seul et même cépage d’un point de vue génétique et non pas «les divers membres de la famille des Traminer» comme on peut souvent le lire. Selon l’ampélologue helvétique, le Savagnin est né «quelque part entre le nord-est de la France et le sud-ouest de l’Allemagne.» Les liens génétiques montrent que ce cépage blanc, dont les premières mentions écrites remontent à la fin de l’époque médiévale, a donné naissance à des variétés dans toute l’Europe ou presque. Il est le père du Sauvignon Blanc, du Chenin Blanc et du Silvaner (le Johannisberg du Valais), mais aussi de variétés moins communes sous nos latitudes comme le Grüner Veltliner autrichien, le Verdelho de Madère, le Petit Manseng des Pyrénées, le Petit Meslier de Champagne et l’Aubin Blanc de Lorraine. A côté de ces vagabondages naturelles, notre variété a aussi participé, dans un passé plus récent, à la création de cépages nouveaux comme le Flora et Cserszegi Füszeres de Hongrie, le Manzoni Rosa italien ou le Traminette américaine.
Cet encadré fait partie avec l’article sur le développement de ce cépage à Genève du dossier Savagnin Blanc: le bijou lémanique paru dans le hors-série 2017 sur Genève réalisé par VINUM et Swiss Wine Promotion.