Le terroir suisse de jadis, d’antan et d’autrefois
Lors des 300 derniers millions d’années, le territoire helvétique a connu des modifications fondamentales causées par la dérive des continents et la tectonique des plaques. Décrites en détails dans « Jurassique Suisse, des dinosaures et des mammouths dans nos jardins» de Robin Marchant et Bernard Bichon, ces évolutions permettent de comprendre la complexité actuelle des sols viticoles helvétiques.
De -321 à -251 millions d’années
Pangée, le supercontinent qui regroupe l’ensemble des terres émergées est entouré d’un océan unique, Panthalassa. Le territoire actuel de la Suisse se retrouve au point de jonction de deux anciens continents, le Gondwana et la Laurasia. L’équateur passe quelque part à mi-distance entre Berne et le Cervin. Il fait chaud et humide et la végétation, comme le climat, sont tropicales.
De -250 à -200 millions d’années
Le Trias, cette période qui commence par la plus grande extinction d’espèces qu’ait connue la planète, se caractérise par un climat chaud et sec. Celui-ci favorise l’évaporation intense de certaines lagunes qui donnent naissance à des concentrations de gypse et de sel, qui donneront naissance aux salines contemporaines de Bex. Pangée commence à se disloquer en plusieurs continents. La mer peu profonde qui se forme se rapproche de Locarno et du Cervin.
De -200 à -146 millions d’années
Marqué par un important effet de serre, le Jurassique bénéficie d’un climat chaud et humide. Pangée finit de se disloquer, ce qui provoque un volcanisme conséquent qui entraîne une élévation du niveau des mers. Celles-ci recouvrent la quasi-totalité du territoire helvétique.
De -145 à -65 millions d’années
Le Crétacé marque une étape essentielle pour la Suisse, puisque le continent africain cesse de s’éloigner vers le sud et entame un mouvement inverse. Locarno est alors voisine d’Alger, le Cervin se trouve au fond d’un océan profond et l’ensemble du pays reste submergé par deux océans, le Thétys et l’océan Valaisan.
De -65 à -23 millions d’années
Durant le Paléogène, l’Afrique continue à migrer vers le nord, et le territoire helvétique se met à rapetisser. Le Cervin et le Moléson se trouvent à peu près à la même latitude que les Pyrénées, tandis que ce qui est aujourd’hui le plateau suisse sort de l’eau. L’Antartique migre vers le pôle sud et se couvre de glace. Il réfléchit vers l’espace une partie du rayonnement solaire, ce qui refroidit les océans et le climat de toute la planète.
De -23 à -2,6 millions d’années
Nous sommes au Néogène. Le chevauchement de la plaque africaine sur la plaque européenne donne naissance aux Alpes, puis un peu plus tard au Jura. Le climat continue de se refroidir pour ressembler à celui que l’on peut observer aujourd’hui dans les régions méditerranéennes.
De -2,6 millions d’années à aujourd’hui
Bienvenue à l’ére quaternaire: la tendance est au refroidissement, mais le climat oscille entre grandes glaciations et réchauffements interglaciaires. Il y a 110 000 ans commence la glaciation du Würm qui connaît son pic vers 20 000 avant cet article. A part quelques régions du nord, tout le pays est pris dans les glaces. La plus importante de ces masses gelées descend la vallée du Rhône pour se diviser en deux à la hauteur de Montreux. Genève, Lausanne et Fribourg sont ensevelies sous près de 1000 mètres de glace.
Avec De la terre au verre, cet article fait partie du dossier terroir paru dans le hors-série Vaud 2017
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