By 26 mars 2020 0 Comments Read More →

La vigne sauvage, un patrimoine en voie de disparition

Ancêtre de nos cépages modernes, la vigne sauvage faisait partie des plantes communes au Moyen-Âge. Elle a aujourd’hui presque disparu du continent européen et ne survit que dans quelques combes isolées.

Vigne sauvage

Vigne sauvage
Source: wikipedia – photo libre de droits

«L’aire de répartition de la vigne sauvage européenne est en régression constante. Sa disparition est due en grande partie à la destruction de ses habitats naturels, ainsi qu’à l’arrivée, vers 1860, du phylloxéra, du mildiou et de l’oïdium importés du Nouveau Monde», écrit Claire Arnold dans une étude qui recense les sites survivants de « Vitis vinifera subsp sylvestris » sur le continent. Cette liane qui peut atteindre trente mètres de hauteur et dépasse parfois les trente centimètres de diamètre est une proche parente non-domestiquée, et une aïeule,  de nos Chasselas, Pinot et autres Syrah. A l’inverse des ceps hermaphrodites cultivés par l’homme, cette plante se divise entre pieds mâles et pieds femelles. A l’arrivée de l’automne, ces dernières produisent de petites grappes portant des petites baies rondes et rouges.
Dans le chapitre qu’elle lui consacre dans Histoire de la vigne et du vin en Valais, Claire Arnold rappelle que la vigne sauvage était autrefois abondante. Du Moyen-Âge à l’époque contemporaine, elle orne de nombreuses œuvres d’art où elle est souvent représentée en bordure de ruisseau, en lisière de forêt ou dans des haies. En Suisse, elle était présente dans presque tous les cantons comme le montrent la littérature et les herbiers des siècles précédents. Mise sous pression par l’arrivée des maladies cryptogamiques et du phylloxéra, «Vitis sylvestris» doit aussi compter avec la concurrence de vignes domestiques qui se sont échappées des vignobles et colonisent les rares endroits propices à son développement. Aujourd’hui, les dernières populations conséquentes de vignes sauvages helvétiques se trouvent en Valais. La plus importante, et la plus étudiée, se trouve sur les pentes du Mont d’Autan, près de Martigny, une zone qui marquait autrefois la frontière entre les possessions de l’Evêque de Sion et celles du comte de Savoie. Etudié depuis 1929, ce site montre que les plants de vigne sauvage ne sont attaqués ni par le phylloxéra, ni par les maladies cryptogamiques, car le milieu dans lequel ils poussent se révèle hostile à ces ravageurs de la vigne. Composé de populations vieillissantes qui peinent à se reproduire, ce conservatoire naturel demeure pour l’heure en sursis. Une disparition des dernières vignes sauvages helvétiques ne serait pas sans conséquences conclut Claire Arnold dans son article, car «cette proche parente des vignes domestiquées offre une palette de caractères utiles pour améliorer les cépages cultivés tels que la résistance au sel et au gel».

Cet article est paru dans le dossier Vigne du hors-série Valais 2017

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