Domaine des Landions: quand meilleur rime avec Meier
Les trois Pinot Noir de très haute tenue de Morgan et Denis Meier sont nés d’une démarche originale qui s’est construite sur deux générations.
«Notre famille a produit du raisin pendant quatre générations. Mon père, Denis Meier, a accompli un travail exceptionnel d’amélioration du matériel végétal. En 2002, il a racheté quinze hectares de vignes qu’il a replantés avec des sélections allemandes et bourguignonnes aussi qualitatives que peu productives», expliquait Morgan Meier dans le hors-série de mai consacré au vignoble de Neuchâtel. «Vendre du raisin de qualité parfaite, produit à raison de 300 à 400 grammes au mètre carré, n’a aucun sens d’un point de vue économique. La recherche des meilleurs clones a été le travail d’une vie pour mon père, tandis que savais que je voulais devenir œnologue dès le début de l’adolescence», confiait celui qui présentait alors le plus onéreux de ses trois Pinot Noir, le Clos du Château. Fin octobre, tandis qu’il se préparait à presser ses rouges 2018 après plusieurs semaines de macération, le jeune homme de 28 ans précisait que les 1500 bouteilles du Clos du Château 2015 étaient toutes vendues et que 2016 n’avait pas été estimé digne de donner naissance à ce porte-étendard du domaine. Interrogé sur la commercialisation d’un vin propo-sé à plus de cinquante francs la bouteille, il reconnaît avoir beaucoup travaillé pour se faire connaître: «j’ai démarché pas mal de restaurants et participé à des événe-ments comme Divinum et Goûts et Terroirs, ce qui m’a permis de me créer une clientèle hors du canton de Neuchâtel. Sans oublier les médailles au Mondial des Pinots et au Grand Prix du Vin Suisse qui ont renforcé la crédibilité d’un domaine qui n’a commencé qu’en 2016 à vendre du vin». Si, aujourd’hui, seul le Pinot a droit de cité (18 des 25 hectares de la famille sont vinifiés par la Cave Châtenay-Bouvier) au Domaine des Landions, Morgan Meier n’exclut pas de proposer à moyen terme un Chardonnay (le jeune œnologue a fait ses classes théoriques et pratiques en Bourgogne). En attendant, une sévère limitation des rendements dans des vignes qui se caractérisent par la qualité du matériel végétal planté par Denis Meier, des vendanges sélectives en petites caissettes, une vinification minu-tieuse dans un matériel de pointe et des élevages prolongés permettent à cet enca-vage de Cortaillod d’offrir des vins qui ont déjà conquis pas mal de grandes tables ro-mandes et quelques professionnels étran-gers. «J’ai fait le voyage à ProWein, ce qui a débouché sur des petites commandes en France et en Allemagne», confirme notre œnologue. Celui-ci avoue que l’une de ses ambitions consiste à: «montrer que Neuchâtel fait partie des grandes terres à Pinot Noir. En Suisse, les Grisons et Schaffhouse ont les honneurs de la critique, mais je suis persuadé que notre canton a un potentiel tout aussi important qui n’est pour l’heure pas reconnu à sa juste valeur»
Domaine des Landions
Chemin des Landions 24
2016 Cortaillod
Nos coups de cœur
Les Cailloutis 2016
On compte 10 000 bouteilles de ce Pinot élégant et précis. Né d’un millésime froid, il se caractérise par un nez expressif qui mêle les notes fruitées, les herbes aromatiques et les arômes floraux. En bouche, cet assemblage des deux principales parcelles de la famille Meier se distingue par son jus délicatement soyeux et une structure construite sur la vivacité qui lui confère longueur, rectitude et fraîcheur.
Prix: 29 francs
Les Cailloutis 2015
Dans ce millésime beaucoup plus chaleureux, on apprécie les reflets grenat de la robe, la générosité du nez qui marie des fruits rouges à maturité à quelques notes d’iris ainsi que les notes d’épices plutôt perceptible dans une bouche ample, dense et ensoleillée. Médaillé d’or au Mondial des Pinots, ce vin concentré et puissant possède à l’heure actuelle un charme certain.
Prix: 29 francs
Les Landions 2016
La robe rubis se nimbe de légers reflets carmin, le nez moyennement expressif qui mêle épices et fruits des bois annonce un Pinot encore quelque peu sur la retenue. Doté d’une très belle matière, de tanins d’une grande finesse et faisant preuve d’un équilibre remarquable, cette sélection parcellaire mérite encore quelques saisons de patience avant de donner toute sa mesure.
Prix: 45 francs
Cet article est paru dans la rubrique Découverte de l’édition de Décembre 2018 de VINUM.
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