Coup de Jarnac pour les foires (Vin suisse et dormition: épisode 42)

Vin suisse et dormition : épisode 42 6 mai 2020

 

Ce matin, première réunion physique post coronavirus. Passons sur le fait que le manque de contacts humains a sans doute doublé la durée de la séance. L’information marquante de la journée était la discussion avec un responsable marketing d’une entreprise viticole d’importance. Non seulement les ventes par internet ont quintuplé, mais les commerciaux de la cave ont, de par leurs contacts privilégiés, pu vendre des quantités similaires à ce que l’entreprise écoule d’habitude en maintenant une présence importante sur des foires grand public et des salons professionnels. Le tout avec beaucoup moins de frais! Seul bémol: l’absence de nouveaux clients. Si ce constat troublant se généralise, la commercialisation du vin n’a pas fini de se réinventer…

La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).

Malvoisie Flétrie 2017 Cave Caloz
Lauréat du Prix Bio du GPVS 2019, cette Malvoisie charme par sa délicatesse. La robe dorée côtoie un nez expressif de mandarine, de chèvrefeuille, d’aubépine et de poire. Les 99 grammes de sucre donnent vie à une liqueur veloutée que soutient une vivacité maîtrisée particulièrement perceptible en finale. C’est savoureux, élégant et généreux, de quoi redonner foi en cette spécialité du Valais aujourd’hui complètement passée de mode.

Un peu de culture sur le vignoble suisse
«Le travail d’élaboration d’un effervescent commence à la vigne. Il faut choisir les cépages, fixer avec précision les conditions de la vendange. On vise en général une maturité de 82° Oechslés afin d’obtenir au final une cuvées qui titrera entre 13% et 13,4% d’alcool», explique Xavier Chevalley. «La qualité de la bulle dépend surtout du pressurage. On travaille avec beaucoup de douceur pour presser la pulpe du raisin sans broyer la peau» dévoile le spécialiste qui ajoute que le temps de vieillissement sur lattes (durée de la prise de mousse. En Champagne, elle est au minimum de quinze mois pour les bruts sans année et de trois ans pour les millésimés) varie entre neuf mois et cinq ans.

Notre dossier sur les effervescents du canton de Genève.

Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances)  pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.
Alexandre Truffer

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