Accords lacustres à Neuchâtel
Du point de vue du panorama, des accords gastronomiques et des opportunités oenotouristiques, le lac et le vignoble de Neuchâtel forment un duo inséparable que magnifient les vaisseaux de la Société de Navigation sur les Lacs de Neuchâtel et Morat.
Plus grand lac entièrement suisse, le lac de Neuchâtel couvre une superficie de près de 220 kilomètres carrés. Dans sa plus grande largeur il dépasse les huit kilomètres et s’étire sur 38 kilomètres de long. Quant à sa profondeur maximale, elle atteint 152 mètres. Ses 14 milliards de litres d’eau sont le foyer d’une quinzaine d’espèces de poissons: outre des palées et des bondelles, des cousins de la féra, on y pêche, par métier ou par hobby, des truites, des ombles chevaliers, des perches, des lottes, des brochets, des vengerons, des carpes et autres écrevisses.
A sa surface, la faune n’est pas moins diversifée puisque l’on a recensé en 2016 près de 68 000 oiseaux appartenant à une cinquantaine d’espèces différentes. Habité dès la Préhistoire – il a abrité une agglomération celte sur palafittes appelée La Tène et qui donne son nom au second Âge du Fer – le lac de Neuchâtel est entourée de vignes. Les AOC Lac de Bienne et Vully (une appellation partagée entre les cantons de Vaud et Fribourg) font face aux 600 hectares de vignoble neuchâtelois. «Tous les vins servis sur les bateaux qui font des courses régulières sur les lacs de Neuchâtel, de Bienne et de Morat ainsi que sur les canaux qui les relient, sont exclusivement de la région», explique Jean-Luc Rouiller, le directeur de la Société de Navigation des lacs de Neuchâtel et de Morat. Cette société anonyme créée en 1872 possède dix bateaux, dont un vapeur, le Neuchâtel, construit en 1912 et entièrement rénové en 2014. «Dans notre offre de restauration, nous avons une offre classique mais de qualité sur tous nos bateaux. Sur le Neuchâtel, nous proposons une cuisine plus gastronomique dans un cadre exceptionnel.
Le choix de ne servir que des vins de la région s’inscrit dans une volonté générale de privilégier une offre culinaire régionale», poursuit Jean-Luc Rouiller. Celui-ci aimerait encore développer les produits locaux, notamment en proposant des vins du mois, mais avoueque cela pose des problèmes importants de logistique. «Nous proposons des vins des trois couleurs: blanc, rouge et rosé. L’Oeil-de-Perdrix apparaît comme le produit le plus demandé par notre clientèle, sans doute parce qu’il est le plus connu des vins de la région», constate notre interlocuteur qui constate que quelque 10 000 bouteilles (de toute taille) de vin de la région, sont consommées chaque année. Outre les courses à l’horaire, la Société de Navigation propose aussi des excursions privées a demande, notamment sur le magnifique Neuchâtel. «Les croisières avec apéritif ou repas affrétées par des entreprises ou des clients privés constituent une part importante de notre activité. En outre, nous organisons aussi des croisières à thème qui offrent une prestation gastronomique particulière, poursuit Jean-Luc Rouiller. Celles-ci connaissent un succès réjouissant et vont sont doute gagner en importance».
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Hydrologie des Trois-Lacs
Composée des lacs de Neuchâtel, de Bienne et de Morat, la région des Trois-Lacs a été le théâtre des plus importants travaux d’hydrologie qu’a connu la Suisse. Les recherches archéologiques montrent que le niveau des lacs et des rivières de la région est régulièrement monté de l’Âge du Bronze à la fin du MoyenÂge. La montée des eaux pose des problèmes aux populations qui doivent faire face à des inondations régulières et à l’agrandissement des zones marécageuses, foyers d’épidémies de paludisme. A partir du 17e siècle, des projets de corrections hydrauliques voient le jour. Toutefois, il faut attendre la deuxième partie du 19e siècle pour que des grands travaux changent radicalement le paysage de la région. Réalisée entre 1868 et 1878, la première correction des eaux Jura aboutit à la création de quatre canaux principaux et de nombreux canaux secondaires. Les trois lacs, désormais reliés entre eux, forment un réservoir unique qui fonctionne selon le principe des vases communicants. Les lacs voient le niveau des eaux baisser de plus de deux mètres et perdent une partie de leur superficie (24 km2 pour Neuchâtel, 3,3 km2 pour Bienne et 4,6 km2 pour Morat). Une seconde correction, terminée en 1939, permettra de renforcer les mesures prises pour dompter les eaux de l’Aar et de ses affluents.
Alexandre Truffer
Cet article est paru dans le hors-série Neuchâtel 2018.
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