Abbaye de Salaz: fief de l’Abbaye de Saint-Maurice
Entouré d’un domaine mixte (vigne, bétail et céréales) de 60 hectares, l’Abbaye de Salaz fait partie de ces caves vaudoises qui ont fait le pari de l’oenotourisme. «Entre les manifestations comme les Caves ouvertes vaudoises et les Balades dans le vignoble, les événements organisés pour des privés et nos animations estivales, nous recevons quelques 8000 personnes par année», explique Bernard Huber qui s’occupe de la vinification des quatre hectares de vignes du domaine familial. Les nombreux visiteurs apprécient l’architecture de la bâtisse, dont l’aspect actuel remonte à 1706, mais connaissent rarement son riche passé. Durant le Moyen-Âge, la majorité de la bourgade d’Ollon appartenait à la puissante abbaye de Saint-Maurice fondée en 515 par le roi burgonde Sigismond. Pour administrer ce territoire, les chanoines construisent plusieurs bâtiments dont la maison de Salaz (qui prendra avec le temps le nom d’abbaye bien qu’elle n’ait jamais eu de caractère religieux). Fondée par l’abbé Rodolphe dans la deuxième moitié du 12e siècle, cette maison forte sert de centre administratif, de prison, puisque les chanoines rendent la justice sur les terres dont ils sont suzerains, mais aussi d’hôpital, d’hospice pour les nécessiteux et de halte pour les voyageurs. L’arrivée des Bernois va modifier l’équilibre des pouvoirs. L’édit de Réformation, accepté à Ollon en mars 1528, implique que l’abbé de Saint-Maurice perd ses droits spirituels, mais conserve ses droits temporels sur les territoires qu’il administre. Les impôts continuent donc d’être perçus par les chanoines catholiques, mais une partie de ces taxes sont utilisées pour rémunérer les pasteurs protestants qui ont désormais seuls droit de cité dans le Chablais bernois. Cet étonnant arrangement perdurera jusqu’au 18e siècle. En 1851, le gouvernement valaisan oblige les établissements religieux du canton à financer les frais de guerre consécutifs à la Guerre du Sonderbund. Saint-Maurice se voit contrainte de vendre le domaine de Salaz qui passera en mains de plusieurs propriétaires privés avant d’être racheté en 1949 par un paysan bernois Max Zbinden, le père et grand-père des propriétaires et exploitants actuels.
Cet article sur l’Abbaye de Salaz fait partie, en compagnie du texte sur le nouvel habillage du Chant des Resses, du dossier sur le Chablais vaudois paru dans l’édition d’automne 2016 du Guillon.