Confinement: un mois déjà (Vin suisse et dormition: épisode 27)
Vin suisse et dormition : épisode 27 18 avril 2020
Il a un peu plus de trente jours, la Suisse entrait en dormition. Une période étrange s’installait pour une durée inconnue. Depuis peu, des objectifs de réveil ont été proposés. Le trafic automobile se fait plus dense, l’agenda commence à se remplir à nouveau. L’inquiétude ne concerne plus vraiment l’aspect sanitaire, mais l’aspect économique. On se retrouve un peu dans la même situation que lorsque le concierge vous appelle pour vous dire qu’il y a eu une inondation dans votre appartement. Vous savez que vous allez passer un sale moment, vous craignez de découvrir l’étendue des dégâts, mais en même temps vous donneriez tout pour réduire cette attente. Alors vivement le 27 avril, vivement le 11 mai et vivement le 8 juin.
La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).
Baron Rouge 2016 Domaine des Charmes
Arrivé deuxième meilleur Gamay au Grand Prix du Vin Suisse 2018, ce rouge puissant et tannique m’avait déjà convaincu lors du gala des vins suisses qui avait eu lieu à Berne. Deux ans plus tard, la robe présente toujours une teinte dense, mais vive, le nez mêle de petites notes d’épices et de violette aux arômes de fruits noirs mûrs et la bouche, harmonieuse et sapide, se révèle à la fois concentrée, complexe et soyeuse. Voici un très beau vin qui n’a pas pris une ride et qui fait preuve de beaucoup de conversation.
Un peu de culture sur le vignoble suisse
Occupant plus de la moitié du vignoble de Neuchâtel, le Pinot Noir se décline en versions classiques, élevées sous bois, rosées et effervescents. A cet inventaire, il faut désormais ajouter une dizaine de sélections haut de gamme qui se classent au sommet de la pyramide qualitative du vin suisse. Commercialisé pour un prix minimum de trente francs la bouteille, ces cuvées haut de gamme sont le résultat d’un processus souvent décennal d’amélioration du matériel végétal et d’adéquation de celui-ci avec des parcelles dotées de conditions pédologiques et climatiques exceptionnelles.
Notre dossier sur la révolution du Pinot Noir à Neuchâtel.
Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances) pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.
Alexandre Truffer
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