Provins: les conseilleurs ne sont pas les payeurs (Vin suisse et dormition: épisode 26)
Vin suisse et dormition : épisode 26 17 avril 2020
Provins, acteur essentiel du vignoble valaisan qui a remporté deux fois le titre de cave de l’année, a été transformée hier en société anonyme contrôlée par un actionnaire majoritaire, le groupe fenaco. Cette solution, qui signifie la mort de la plus grande coopérative viticole du pays, n’avait pas très bonne presse chez les professionnels. Du moins, chez ceux qui n’étaient pas directement concernés. Car, les sociétaires de Provins, eux, n’ont pas hésité. C’est avec un score soviétique qu’ils ont embrassé la solution proposée par le conseil d’administration. En clair, 2299 oui contre 86 non et le tout avec une participation de 80%. Nul ne sait quel sera le futur de Provins et de ses actionnaires minoritaires, mais au moins, ce sera un destin choisi et non pas imposé.
La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).
Cœur de Domaine Blanc 2011 Domaines Rouvinez
Le premier millésime de cette cuvée haut de gamme composée de Petite Arvine, de Païen et d’Ermitage a magnifiquement évolué. L’onctuosité des débuts a fait place à du volume, de la profondeur, de la générosité et de la plénitude. Affichant un bel équilibre, une finale persistante et une aromatique complexe qui marie la mirabelle, la prune, une pointe d’abricot, l’ananas, le litchi, une touche de carambole, un soupçon de curcuma, un souffle de safran et un peu de citron confit, cet assemblage à son apogée mérite le qualificatif d’exceptionnel.
Un peu de culture sur le vignoble suisse
Créé en 1970, dans la foulée des Doral, Charmont, Garanoir, Diolinoir et autres Galotta, le Gamaret devait constituer une alternative au Pinot Noir, très sensible à la pourriture. «André Jacquinet a croisé du Pinot Noir et du Gamay avec du Reichensteiner, un cépage blanc allemand, car ce dernier était précoce et résistant à la pourriture. Deux qualités que l’on espérait retrouver dans leur progéniture», explique Claude Desbaillets qui ajoute : «les croisements avec le Pinot n’ont rien donné, mais des obtentions comme le B13 ou le B28 avaient quelque chose de révolutionnaire».
Notre dossier sur la création du Gamaret, un cépage révolutionnaire.
Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances) pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.
Alexandre Truffer
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