Le déconfinement s’amorce: on va reparler de Greta (Vin suisse et dormition: épisode 24)

Vin suisse et dormition : épisode 24 15 avril 2020

Le président français a fixé hier une date pour la mise en place du déconfinement. Des annonces sont attendues demain de la part du Conseil Fédéral. Ce début de la fin va permettre de revenir à cette vie normale que nous ne pensions pas tant regretter. Dans les rues de Montreux, on voit déjà plus de voitures, sur les quais, on croise plus de badauds et les enfants semblent de nouveau avoir l’autorisation de fréquenter les places de jeux. L’embellie est même visible dans la presse. Hier paraissait, dans 20 Minutes, le premier article à parler d’une étude sur le réchauffement. Postulant qu’un non-respect de l’accord de Paris pourrait coûter entre 126 000 milliards de dollars et 616 000 milliards, cette étude n’a, comme toute approximation qui propose une incertitude de 500 000 000 000 000 de francs, aucune espèce d’intérêt pour qui que ce soit, sauf du clic en avec un titre accrocheur. Et si certains titres peuvent accrocher sans intégrer coronavirus ou confinement, c’est le retour vers la stabilité. Bonne nouvelle, on devrait bientôt pouvoir retrouver nos articles quotidiens sur la vie et l’œuvre de Greta Thunberg. Notre vie d’avant pourra alors reprendre son cours.

La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).

Les Deux Sauvages 2016 Domaine de Montmollin
Cet assemblage de Gamaret et de Garanoir présente une belle robe dense. Des notes de cardamome, de poivre et de curcuma cohabitent avec des arômes de cerise et de pruneau frais. En bouche, on apprécie l’équilibre, l’ampleur et l’aromatique expressive qui mêle notes fruitées et épicées. La finale fait preuve de beaucoup de fraîcheur et termine avec élégance un cru sapide qui nous a semblé donner toute sa mesure après ces quelques années de garde.

Un peu de culture sur le vignoble suisse
L’étude des pollens montre une baisse significative de la présence de la vigne après la conquête romaine. Par contre, les premières amphores, originaires d’Italie, font leur apparition au milieu du 1er siècle avant Jésus-Christ. Quelques dizaines d’années plus tard, les provenances de ces contenants – fabriqués en quantités industrielles et destiné à un usage unique – se diversifient. Des récipients en terre cuite commencent à arriver de toutes régions de l’empire qui était déjà fortement globalisé et s’étendait de l’Espagne à l’Egypte et de la Grande-Bretagne au Maghreb. Si les récipients d’Italie et de Gaule dominent durant les premières décennies de l’occupation romaine, on voit apparaître au début de notre ère des récipients fabriqués en Espagne, en Crète et sur les îles de la mer Egée.

Notre dossier sur l’histoire du vignoble valaisan durant l’époque romaine.

Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances)  pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.
Alexandre Truffer

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