Mieux vaut être riche et bien portant… (Vin suisse et dormition: épisode 21)
Vin suisse et dormition : épisode 21 9 avril 2020
Que pauvre et malade, dit le dicton. Qui n’est jamais plus vrai qu’en temps de crise. Aux USA, où l’on fait des statistiques ethniques, la ville de New York a publié des chiffres montrant que, chez les hispaniques, on compte désormais 22 morts pour 100 000 personnes. Les afro-américains sont à peine mieux lotis avec 20 morts pour 100 000 personnes. Si vous être blanc, vos chances doublent avec 10 morts pour 100 000 personnes. Les plus chanceux sont les asiatiques : 8 morts pour 100 000 personnes. Plus que des différences génétiques, ces statistiques montrent le niveau de richesse et d’accès aux soins de ces différentes populations. En Suisse, on ne fait pas de tels recensements, mais le système fonctionne de façon assez similaire. Si vous êtes une entreprise étrangère (Lufthansa ou Easyjet) donné d’un bon lobby, on vous soutiendra sans hésitation. Si vous êtes femme de ménage sans titre de séjour valable, vous pouvez crever et si vous êtes un indépendant, votre sort devrait se trouver quelque part entre les deux, mais tout de même beaucoup plus près de la nettoyeuse que de la multinationale.
La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).
Dézaley Récolte Choisie 2017 Patrick Fonjallaz
Régulièrement médaillés au Mondial du Chasselas, ce Chasselas moelleux est l’un des rares (et peut-être même le seul) Dézaley doux. Offrant une robe délicatement dorée, il charme par des arômes expressif de citron, de mandarine, de pamplemousse, de mirabelle et d’abricot qui explosent dans le nez gourmand comme dans la bouche magnifiquement équilibrée. Voici un compromis parfaitement harmonieux entre charme, opulence et élégance.
Un peu de culture sur le vignoble suisse
Créée en 2012, cette appellation fait l’objet d’une législation spécifique qui a été amendée en 2015. Les crus aspirant à cette distinction doivent répondre à un cahier des charges précis. Une fois celui-ci rempli, les vins passent devant la Commission Premier Grand Cru. Pour la dégustation d’octroi, les candidats doivent présenter cinq vins des dix derniers millésimes afin de réaliser la preuve de leur potentiel de vieillissement.
Pour en savoir plus sur les Premiers Grands Cru vaudois.
Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances) pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.
Alexandre Truffer
Cet article est paru dans le dossier Premiers Grands Cru du hors-série Vaud 2017.
Retrouvez ici les autres épisodes de Vin suisse et dormition
Merci aux partenaires ci-dessous de soutenir l’initiative Vin suisse et dormition