6000% de marge d’erreur (Vin suisse et dormition: épisode 20)

Vin suisse et dormition : épisode 20 8 avril 2020

L’être humain ayant une incroyable capacité d’adaptation, la troisième semaine de confinement marque la fin de la paranoïa sanitaire (chez ceux qui n’ont de proches touchés et qui ne font pas partie des catégories à risques tout au moins). Ce qui signifie que l’on peut commencer à s’inquiéter pour les lendemains de l’épidémie et la situation économique. Fin février, le Trésor français considérait encore que l’impact du coronavirus sur l’économie de l’Hexagone ne dépasserait pas 0.1 point de PIB. Une estimation considérée comme réaliste par le ministre de l’économie Bruno Lemaire. Aujourd’hui, les chiffres annoncent une baisse de 6 points de PIB pour le premier trimestre. Espérons simplement que ce soit le seul organisme qui affiche des marges d’erreur de 6000% sur ses prévisions…

La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).

Le Secret de la Chapelle 2017 Caves du Prieuré de Cormondrèche
Ouvert pour accompagner un parmentier de joue de bœuf, ce Pinot Noir élevé en barriques s’est montré de fort bonne composition. Drapé dans une robe rubis plutôt soutenue, ce rouge structuré a dévoilé des notes expressives d’épices au nez. En bouche, les épices ont été rejointes par des notes de fruits rouges. Beaucoup d’équilibre, de la tenue et une finale d’une agréable persistance complètent le portrait de ce Pinot Noir racé.

Un peu de culture sur le vignoble suisse
Au cœur de l’Europe, le Valais est depuis trois millénaires sur le chemin des grandes routes reliant le sud et le nord du continent. Marchands, soldats, religieux, artisans, intellectuels, voyageurs et exilés ont traversé cette région. Tous y ont séjourné, certains s’y sont installés apportant avec eux des idées, des coutumes, des plantes et des innovations qui ont façonné cette région. L’un des pôles d’attraction importants du Valais a toujours été l’Abbaye de Saint-Maurice, qui possède des vignes depuis sa création, il y a plus de 1500 ans.

La première partie, consacrée aux origines, de notre dossier sur l’histoire du vignoble valaisan vu au prisme de l’Abbaye de Saint-Maurice.

Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances)  pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.

Alexandre Truffer

Retrouvez ici les autres épisodes de Vin suisse et dormition

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