Stocker ? Ok, mais stocker futé! (Vin suisse et dormition: épisode 2)

Vin suisse et dormition : épisode 2 18 mars 2020

Vous désirez connaître votre quotient intellectuel ? Plus besoin de passer un test coûteux et complexe chez un psychologue, il suffit d’un petit «stockage quizz». Si vous avez fait vos réserves avant le 14 mars, bravo, vous êtes plus malin que la plupart de vos concitoyens. Si vous avez couru acheter des pâtes et du papier de toilette samedi passé, vous êtes pile au milieu de la courbe de Gauss. Si vous commencez maintenant à vous poser des questions… disons que ça n’a pas grande importance, car il y a peu de chance que vous lisiez un texte aussi long. Les indispensables bien rangés dans les placards, il est temps de réfléchir à la façon d’allier l’utile à l’agréable. Pour ce faire, de très nombreuses caves helvétiques proposent livraisons à domicile et conditions spéciales. Vous les trouverez sur la page dédiée de Swiss Wine Promotion qui continuera de s’étoffer au fur et à mesure des informations reçues.

La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).

 Sauvignon Blanc 2018 du Domaine des Faunes
A Dardagny, au cœur de la campagne genevoise, les frères Ludovic et Frédéric Mistral cultivent dix-sept cépages sur une vingtaine d’hectares. Au nombre de ces spécialités racées, on trouve un Sauvignon Blanc élégant et précis. Drapé dans une belle robe dorée, cette cuvée aromatique possède un nez expressif sans être exubérant. Le fruit de la passion et la mangue dominent un nez exotique. En bouche, ces arômes gourmands s’appuient sur une trame vive qui débute dans une attaque fringante et se termine par une finale avenante. Un délice sur une désossée de perches du Léman !

Un peu de culture sur le vignoble suisse
Alors que la Suisse celtique était habitée par les Helvètes qui ne cultivaient pas la vigne, Genève faisait partie du territoire des Allobroges. Cette peuplade celte a sans doute été la première à élaborer du vin sur le territoire de la Suisse actuelle. Parmi les rares témoignages de leur civilisation figurent un ancêtre de la Syrah et la culture en hutins, un système de conduite de la vigne utilisé des siècles durant dans la région. Les producteurs genevois n’ont jamais perdu leur esprit d’innovation, puisque Genève a été le premier canton helvétique à adopter un système d’appellations d’origine contrôlées en 1988. Cet engagement visionnaire se retrouve aussi dans l’enthousiasme des vignerons pour les variétés nouvelles comme le Gamaret ou le Divico.

Notre dossier sur Le Premier vin de Suisse

Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances)  pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.
Alexandre Truffer

Cet article est paru dans le dossier Premiers Grands Cru du hors-série Vaud 2017.

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